Pour le coups je ne parlerai pas de ma mamie ou de celle d'un autre, aucune Yamaha en vue ! Cependant j'ai trouvé intéressant la petite prise de tête avec le scooter Piaggio d'un collègue. Alors oui c'est du scooter, mais on peut toujours en apprendre. Et pour le coups j'en ai passé quelques heures sur ce petit 125 cm3 !
Symptôme: le moteur ne prend aucuns tours. Il démarre nickel mais dès que la poignée de gaz est sollicitée il s'écrase en mode "beuuuhhhHHH" jusqu'à s'arrêter. Même sur la béquille centrale roue arrière relevée, dès que le moteur commence à être en prise avec la transmission il ne fournit aucune puissance. Le problème est apparement arrivé au fur et à mesure des km, jusqu'à ce que le scoot ne soit plus conduisible. Pour infos il est de 2006 et a 47 000 bornes.
De prime abord je pense à l'arrivée d'essence, le bruit étant similaire à celui que l'on a lorsqu'on termine en panne sèche. En dévissant la vis de cuve du carbu je constate la présence d'essence, en quantité correcte. Déjà il y en a, mais y'en a-t-il suffisement lorsque le moteur est en demande ?
Ni une ni deux je contrôle tout le circuit de carburant: état du piquage au niveau du réservoir, du filtre et de la durite de dépression, libre débouché des durites et bon fonctionnement de la pompe à essence (pompe à membrane fonctionnant grâce aux ondes de pression-dépression de la pipe d'admission). Rien à signaler hormis certaines durites dégradées par le temps, que je change rapidement.
Je me tourne donc vers le carbu, un Mikuni assez classique avec starter automatique et pompe de reprise. Après démontage complet, rien à signaler non plus, aussi bien côté carburant que comburant. Un petit nettoyage à certe fait du bien mais les quelques merdes présentes n'ont pas pus empêcher l'arrivée du carburant. J'ai simplement reprit légèrement la hauteur de cuve mais rien de méchant.
En somme pour le moment tout va bien, le carburant arrive bien au mélangeur et ce dernier vu son état fait le taf. Réflexion réflexion...
Peut-être une entrée d'air ? Qui ferait que le mélange est bien trop pauvre ?
Je démarre le moteur est balance du nettoyant frein au niveau de la pipe d'admission fixée à la culasse, et là c'est direct. Le moteur prend des tours, et pas qu'un peu ! Je me dis "yes j'ai trouvé le soucis !". Je tombe la pipe, vérifie son état et en effet la lèvre qui assure l'étanchéité est abîmée sur quelques mm. En utilisant un tournevis plat j'arrive à retrouver quelque chose de correct. Nettoyage du plan de joint, remontage avec un peu de pâte à joint, séchage et le lendemain nouveau test. Démarrage, nettoyant frein, régime stable. Yes plus d'entrée d'air. Je tourne tranquillement la poignée...
Et là... toujours les mêmes symptômes !... BeuuuuhhHHH... Aucune mais alors aucune amélioration. Y'a de l'essence, de l'air, de l'étincelle car il démarre et tient bien le ralenti (de toute manière je ne suis pas en capacité de contrôler si l'avance à l'allumage évolue bien suivant le régime moteur), pétard mais qu'est-ce qui peut bien merder ?! Si j'ai tout ça mais que ça ne va pas quand même, peut-être la compression ?
Je décide donc de faire un test de compression, verdict: 5,0 bar à froid ! Là ça fait très peu quand même, le bloc ne comprime pas suffisement.
Jeux aux soupapes alors ? Si aucuns jeux les soupapes ne ferment pas et la compression se barre. Néanmoins je reste sceptique car il n'y a aucun soucis de démarrage à chaud comme à froid. Je trace donc vérifier cela, chose relativement facile à faire sur ce genre d'engin car réglage par vis avec contre-écrou, beaucoup moins compliqué à faire et surtout à reprendre que sur des moulins avec pastilles et poussoirs !
Échappement nickel, admission je reprends un tout petit peu mais rien à mon sens qui puisse mettre la merde à ce point. Je refais un test de compression, 5,5 bar. Yaouh 500 grammes en plus. J'en fait un également à chaud, 6,0 bar.
En résumé, le bloc ne comprime pas suffisamment ce qui explique bien pourquoi il n'a aucune pêche. Y'a pas 36 solutions: soupape (s) qui ne ferme(nt) pas, étanchéité de la bougie ou segmentation. Pour les soupapes le jeu est bon, j'en ai même mit un chouilla plus (un demi 10ième) pour être sûr que ça ferme. Après rien ne m'assure que les portages et sièges de soupapes soient nickels et que l'étanchéité soit bonne. Pour la bougie aucune fuite à signaler, reste la segmentation. Donc obligation de démonter le haut moteur !
Démontage de tous les périphériques (circuit de refroidissement, prises électrique, masses,...) ainsi que du train arrière. Sur une moto on peut sortir le moteur car simplement fixé au cadre, sur un scoot il est fixé à la roue et suspension arrière, tout simplement car le bloc moteur comprend moteur, variateur et transmission jusqu'à l'axe où se fixe la roue. Obligation donc de tout démonter, bras, suspensions, étrier, roue,... Y' un peu de taf mais ça se fait bien !
Au final le moteur est maintenu par un axe permettant de le fixer au cadre, ainsi qu'une vis pour la suspension arrière.
Dès le moteur retiré on peut attaquer le vif du sujet. Gros nettoyage histoire de travailler sur quelque chose de convenable, puis calage de la distribution. Pour cela on tourne le moteur jusqu'à ce que le piston soit au PMH de compression, puis on vérifie que les repères sur le rotor d'allumage et la roue dentée de l'AAC correspondent. N'ayant jamais trouvé le repère sur le rotor, j'ai fait à l'ancienne: des 2 points morts hauts j'ai cherché celui ou les culbuteurs ont du jeu, donc que les soupapes sont libres et appliquées sur leurs portages (l'autre PMH étant celui du croisement de soupapes, donc aucun jeu sur la culbuterie, les soupapes étant en action). Un coups de Tipex sur le volant et le bloc moteur en guise de repère a parfaitement fait l'affaire. En alignant avec le repère de l'AAC ça l'a fait sans problème !
LÀ on peut désormais attaquer le démontage du bloc: on tombe le tendeur mécanique de distribution puis on retire la chaîne de l'AAC, déserrage en croix des 4 goujons de culasse et cylindre puis on retire tout en décollant tranquillement avec un maillet. Culasse et cylindre viennent sans problème particulier, jusqu'à enfin découvrir le piston.
Après inspection de l'ensemble je ne vois rien de particulier, aucune amorce de serrage dans le cylindre, les soupapes ont l'air de bien fermer, et le piston est dans un état correct. Sauf... qu'en se penchant on tombe là-dessus !
Les 2 coupes de segments alignées ! Soit le tiercage a été mauvais, soit les segments se sont alignés bien que la probabilité soit faible. Les jeux à la coupe attendus pour les 2 segments supérieurs sont de 0,2 mm, en vérifiant je tombe sur 0,25 et 0,60. En somme même s'ils sont appliqués contre le cylindre une fois le piston dedans, il y a quand même un trou de quelque dixième par lequel se barre la compression !
Quitte à remonter autant y mettre du neuf, ce sera piston et segments, et bien sûr pochette de joints . Pour l'alésage et l'ovalisation du cylindre je n'ai de toute manière pas le matos pour de la métrologie, et pas le temps non plus d'aller chez un usineur ou garagiste.
Le temps que la commande arrive, reprise de l'état de tous les plans de joints (cutter ou tournevis plat pour le plus gros, dremel puis papier à poncer en 1000 avec du dégrippant
).Pour être sûr à 100% de l'étanchéité des soupapes j'ai retourné la culasse puis versé un peu d'huile jusqu'au ras-bord de la chambre de combustion. Le lendemain le niveau était identique. Le top aurait bien entendu été de faire un nettoyage puis rodage, mais je n'avais absolument pas le temps. En passant j'ai également vérifié toute la transmission, variateur, galets, courroie, embrayage.
Le remontage je vous épargne les détailles, à l'inverse du démontage. Attention bien évidement au tiercage, aux segments au moment de rentrer le piston dans le cylindre, et serrage progressif en croix des tirants permettant le serrage de l'ensemble cylindre-culasse jusqu'au couple préconisé. Calage de la distribution dans la foulée et vérification du tendeur de chaîne.
Rien qu'en le tournant à la main je trouve qu'il comprime plus ! Ca m'a l'air bien parti !
Une fois tout remonté, premier coups de démarreur (je n'ai même pas pensé à faire un nouveau test de compression tellement j'avais envie de savoir si le bloc allait tourner
).Au début quedalle il voulait pas partir, là je me suis dit "ça y est j'ai fait de la merde". Puis au bout de quelques sollicitations nickel !
Au bruit j'ai trouvé qu'il tournait bien mieux. Après 45 min au ralenti en guise de rodage je monte dessus et pars faire un tour dans la cour. Rien à dire, le moteur prend ces tours et le scoot accélère normalement. Absolument rien à voir avec avant. Plus qu'à rouler tranquillement pour le rodage !
Comme quoi un mauvais tiercage peut entraîner une bonne perte de compression ! Ça m'a fait penser à Sylvain et son YZF de 1993, ou on avait supposé que le moteur manquait de compression. Bon lui c'était les jeux des soupapes d'admission du cylindre n°1 qui étaient dans les choux, et heureusement qu'il n'a pas fallu aller autant dans le démontage !
J'espère que vous avez apprécié ce petit topic, que cette petite expérience pourra servir à d'autres, et surtout merci de m'avoir lu !
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